Ici, en
Nouvelle-Zélande, toute chose a une âme. Et parfois, ce qui est voué à rester à
une même place, comme les arbres ou les maisons, se rebelle et essaie de se
dérober au sol pour avancer. Mais voilà, cela demande une telle énergie qu’ils
n’y arrivent généralement pas. On pense alors qu’ils hésitent : pendant
quelques secondes, ils vacillent de gauche à droite, de haut en bas, essayant
désespérément de s’arracher à cette place qu’on a choisie pour eux. Puis ils
comprennent et ils arrêtent. Le problème, c’est que la plupart du temps, tout
s’accorde pour démarrer une rébellion générale au même moment. En tant
qu’humains, on a alors l’impression que tout autour de nous tremble et c’est
assez déstabilisant.
Plus sérieusement, vous aurez compris que cet article traitera des séismes locaux.
Ce n’est pas pour rien que dès le premier jour de bénévolat dans un magasin
social, la gérante explique ce qu’il faut faire en cas de séisme.
Avant d’entreprendre ce voyage, nous savions que nous allions arriver dans une
zone « à risques » et nous nous sommes rapidement renseignés sur un
site officiel du gouvernement.
Mais alors, en
pratique, est-ce que ça sert vraiment ?
Dans la région de
Christchurch, il y a environ vingt séismes par semaine. Ça fait beaucoup, mais
il sont généralement de magnitude inférieure à 3 et nous ne les sentons
normalement pas.
Ok, on a compris, on n'essaiera plus de te faire tenir droit. |
Depuis que nous
sommes ici, en trois mois, nous avons ressenti quatre séismes. Deux d’entre eux
étaient très faibles : à peine le temps de se dire « tiens, ça
vibre… » et de se demander si ç’en est un et c’est déjà fini. Ça se sent
un peu plus depuis le huitième étage de la fac, évidemment.
On a eu droit à
un plus impressionnant, magnitude 4.6, un soir où nous étions tranquilles dans
le lit en train de discuter. Tout a commencé à être secoué en même temps,
pendant quelques longues secondes. On
entendait les meubles vibrer et les cintres balancer rapidement dans la
garde-robe. « Il y a un rhinocéros sur le toit… … … c’est un tremblement
de terre ? » « Oui, c’est un tremblement de terre, je dirais
4.5 ? Ah ben c’est fini. Je disais donc *fin de la conversation commencée
avant* »
Une réplique 3.7 a
suivi le lendemain, alors que l’une de nous était occupée à découvrir un
nouveau jeu avec des amis. La réaction générale a été de s’interrompre et
attendre de voir s’il fallait réagir ou pas.
Au final, même
après ces deux jours, rien dans notre maison n’a été déplacé
significativement ; en tout cas, nous n’avons rien remarqué d’anormal.
Ca, c'est presque trois ans après un séisme très grave. |
En théorie, il
faudrait réagir immédiatement : se planquer sous une table massive, s’y
tenir et se couvrir la tête et la nuque en attendant la fin des secousses.
Simplement parce que personne ne peut savoir si c’est un petit ou si c’est le
début d’un gros.
En pratique, un
tremblement de terre n’est pas dangereux en lui-même : il est très peu
probable qu’un gouffre allant droit vers l’enfer du centre de la terre s’ouvre
subitement sous vos pieds. Bon, il est vrai que vous pourriez être projeté sur
le sol. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut le faire de votre propre volonté
avant. Lorsque le séisme est suffisamment fort pour déplacer des choses, le
plus grand danger est constitué par les objets posés sur les étagères et
surfaces diverses ou suspendus aux murs. Ils pourraient vous tomber dessus et
vous blesser si vous n’êtes pas protégé. Pareil pour les fenêtres, il vaut
mieux se trouver loin, juste au cas où.
Lors du pire cas
imaginable, il est possible que les bâtiments s’effondrent – comme en février
2011, jour fatal à cette jolie ville – et dans ce cas, il vaut mieux être sous
un meuble lourd qui jouera le rôle de pare-à-chute-de-débris en attendant que
les secours vous trouvent. Heureusement, cela arrive très rarement. Double heureusement
car des complications peuvent alors survenir : liquéfaction du sol,
glissement de terrains, coupure d’électricité, tsunami… Ce dernier danger est
très peu probable ici et ne concerne que quelques quartiers côtiers de cette
ville.
L’un est assez
effrayé lorsque ça arrive – avoir tous nos repères spatiaux qui bougent en même
temps n’est pas très rassurant – et l’autre a déjà adopté l’idée que c’est
normal, que ça fait partie de la vie ici et qu’il n’y a rien de dangereux dans
les tremblements de terre « normaux » tant qu’on reste calme et qu’on
s’éloigne/se protège de ce qui pourrait blesser.
PS : En
guise d’avertissement, il semblerait qu’on puisse entendre un grondement avant
l’arrivée des secousses. Nous ne l’avons encore jamais remarqué.