Il faut bien un titre accrocheur dans l'air du temps pour cet article qui se veut caricatural avec un fond de réalité. Après des mois à côtoyer les habitants de cette ile du bout du monde, nous pouvons dresser un portrait de la culture, du mode de vie, de la mentalité et du caractère néo-zélandais, basé sur nos observations, nos expériences, et quelques récits d’autres personnes qui ont confirmé nos impressions. C’est parti !
Pourquoi Zalando n’existe pas en NZ
Il arrive régulièrement de croiser, dans la rue ou au centre commercial, des locaux qui ne se sont pas encombrés de chaussures. En toute saison et à toute heure, été comme hiver, de jour comme de nuit, ces gens qu’on serait tentés d’appeler « énergumènes », se promènent sur tous types de sol à pieds nus ou en « jandals » (pour « Japanese sandals »), ce qu’on appelle chez nous (et chez les Australiens) des tongs. Tellement que cet accessoire fait partie de la panoplie de symboles de la Nouvelle-Zélande.
Des businessmen dans l’âme
Les Kiwis sont généralement des gens très honnêtes, trop, même. Ainsi, comme vous avez pu en avoir un avant-gout dans notre article sur les garage sale, il arrive régulièrement que, dans un élan de générosité, ils négocient en leur défaveur, diminuant spontanément un prix qui nous arrangeait pourtant déjà, ou ajoutant un objet gratuit dans la transaction. Qui refuserait ?
Mais voilà, l’autre extrême existe aussi, en minorité. Celle qui fera tout pour se procurer des objets d’occasion à prix ultracassés (voire sans prix parce que volés), puis les revendra à un prix plus élevé que celui du même objet neuf. Le tout, c’est de les repérer et soigneusement les éviter. Et généralement, la communauté Facebook tout entière se soulève et dénonce le malhonnête lorsque ça arrive.
Le titre de ce paragraphe correspond à un label qu'on trouve, bien en évidence, sur toute communication de la part des sociétés locales. Leurs gérants aiment se démarquer en clamant haut et fort qu'ils n'ont rien à voir avec une quelconque multinationale, et que l'argent gagné restera en Nouvelle-Zélande, assurant ainsi que les diverses taxes serviront le pays.
Cette volonté de mettre en avant le travail et l'économie kiwis trouve généralement un écho chez les clients, qui privilégieront spontanément les produits de chez eux. Le vice est poussé jusqu'à soutenir de mauvais jeux de société lancés sur Kickstarter, juste pour encourager ses compatriotes. Véridique.
Tondre sa
pelouse est ici élevé au rang de hobby, aux côtés de diverses choses agréables
à faire, dont probablement « contempler pendant des heures sa belle
pelouse bien égalisée ». Pour preuve, dès que le moindre rayon de soleil se
pointe, il est impossible de passer une journée sans entendre une tondeuse
gronder dans le voisinage. Il nous a aussi été donné de voir quelqu’un finir
aux ciseaux le bord de la pelouse devant sa maison. Ce n’est donc pas une
légende ! Quand ils passent chez nous en vacances, les gens d’ici sont
choqués de voir comme on laisse pousser l’herbe. Les propriétaires n’hésitent
pas à faire des remarques aux locataires quant à l’état de la pelouse. À vrai
dire, il faudrait idéalement la tondre toutes les semaines. Bien sûr,
justement, on a beaucoup de temps à perdre !
Il fait beau, aujourd’hui !
Les Kiwis
sont les pros des discussions superficielles inutiles. Il suffit d’observer
n’importe quelles deux femmes qui se rencontrent, avec un bonus si elles sont
bien habillées, et écouter leur conversation. Les « comment va telle
personne ? » trouvent une réponse aussi vague que « Pas trop
mal » et les commentaires sur la météo des deux dernières semaines
s’enchainent à une vitesse folle. Il est facile de rencontrer des gens, mais
difficile d’entrer dans une vraie relation car tous semblent, a priori, porter
un masque social. D’ailleurs, il faut presque les harceler pour obtenir leur
avis sur quelque chose. La première réponse sera toujours vaguement positive.
L’attitude décrite dans ce paragraphe semble aller de paire avec l’apparence de
leur jardin : il faut renvoyer une bonne image de soi.
Et en cas de souci…
Dans ce
même caractère retranché, le Néo-Zélandais est quelqu’un qui évite la
confrontation, surtout en cas de conflit. Il sera gentil et se montrera plein
de bonnes intentions face à vous, voire ne montrera rien de ce qu’il ressent
comme un problème, mais il fera le nécessaire pour servir son dessein dans
votre dos, si possible en passant par un tiers. Une anecdote ?
C’était au
magasin où je suis volontaire. Un jour, deux camionnettes des ouvriers du
bâtiment d’en face restent garées pendant des heures sur les places express
juste devant le magasin, là où les clients s’arrêtent pour décharger leurs dons
ou faire du shopping rapidement. Solution belge ? Aller voir les ouvriers
et leur demander gentiment de bien vouloir déplacer leurs véhicules. Solution
NZ ? Se plaindre auprès de dix clients pendant une heure et puis appeler
la police sous couvert d’un problème de circulation.
Ah, ce jeu
petit, rapide, simple et plein de défis qu’est Timeline ! Pour ceux qui ne
connaissent pas, il s’agit d’estimer la date d’un évènement ou de l’invention
d’un objet en positionnant la carte correspondante « avant » ou
« après » d’autres éléments datés, afin de former une ligne du temps.
Eh bien, ce jeu permet aussi d’atteindre le summum de l’ennui en assurant une
victoire sans résistance à quiconque décidera de se mesurer à des Néozélandais.
En effet, ces derniers ne bénéficient pas de cours d’histoire aussi touffus que
les nôtres, ni de représentation des diverses époques, ni même, allons
jusque-là, de bon sens. Oui, les lunettes ont probablement été inventées avant
le microscope… Bref, la faute à leur pays vieux de deux cents ans, probablement.
Surtout, ne pas s’intéresser à ce qui s’est passé plus tôt à d’autres endroits
du monde !
La vraie solution
Ici, les caddies de supermarchés ne nécessitent pas de pièce en caution pour être utilisés. Il en résulte des caddies abandonnés un peu partout dans la ville, que ce soit juste devant le supermarché ou sur le bord d’une route quelconque. Plutôt qu’essayer de responsabiliser les clients ou placer un dispositif préventif comme chez nous, certaines chaines de supermarchés ont préféré ajouter à leur site Internet une section pour permettre à tout un chacun de signaler les caddies abandonnés qu’il aurait rencontrés. Du personnel est donc employé pour, en permanence, rassembler et remettre en place ces énormes paniers métalliques à roulettes.
Alors que
dans toute offre d’emploi, l’accent est mis sur la capacité à apporter un
service de qualité au client, certains font l’impasse totale sur cette notion
et veulent uniquement empocher le fric le plus vite possible. Ça dépend
peut-être du domaine ? Ainsi, à l’orée de l’hiver, certains se font livrer
du bois de chauffage. Une remorque pleine pour quelques centaines de dollars.
La livraison à laquelle nous avons assisté ressemblait à cela : le livreur
impatient, debout sur la remorque, observe la scène et envoie de temps en temps
une bûche par terre pour former un tas, sans prendre garde au fait que
quelqu’un soit ou non en train d’en ramasser une au même moment, deux braves
hommes forts se baissent pour ramasser ces bûches et les aligner contre le mur,
deux femmes les aident, dont une ayant un tout jeune bébé. Dès que le bois est
hors de la remorque, le livreur s’en va et laisse les autres s’affairer au
travail encore une demi-heure. Choquant, non ?
Entre le 1e novembre et le début de la nouvelle année, il est très courant de voir et entendre ses voisins faire des feux d’artifices le soir venu – et encore, parfois, ils n’attendent même pas qu’il fasse noir. Cela peut s’expliquer par la Guy Fawkes Night, célébrant le 5 novembre l’échec d’un attentat mené par des catholiques contre le parlement britannique, et aussi le fait que le roi Jacques 1e a échappé à cet attentat. À moins que le 5 novembre dure plusieurs jours, cette fièvre explosive peut aussi s’expliquer par les promos de saison d’un magasin très fréquenté. Oh, et puis, c’est chouette, les feux d’artifice ! Pourquoi avoir besoin d’une occasion ?