Comme nous
l’avons déjà dit, il existe ici de nombreuses possibilités d’achat d’articles
de seconde main. Ainsi, outre les sites Internet, on remarque notamment la
présence des magasins St Vincent de Paul, l’Armée du Salut ainsi que l’Ecoshop,
un hangar plein de bonnes affaires dont le slogan formé sur le zeugme
« Save money and the planet » n’est pas sans me rappeler un certain
professeur de français.
Le magasin City Mission de Bryndwr, où je suis volontaire. |
Tout
naturellement portée par ma bonté innée et mon adhésion au message chrétien,
j’ai entrepris d’effectuer des démarches afin d’offrir un peu de mes
compétences et de mon temps à la Christchurch City Mission, une de ces
organisations chrétiennes, plutôt locale. Rendez-vous avec la gestionnaire des
volontaires, documents à compléter pour vérifier que je ne me drogue pas, que
je n’ai pas de casier judiciaire etc. Bref, le même type d’investigations que
pour trouver un emploi ou une maison. Voilà donc que je preste trois heures
chaque jeudi après-midi à un magasin de charité situé à quelques kilomètres de
chez nous.
Les premières
semaines, je me suis entrainée à indiquer les prix. On écrit sur l’étiquette la
date, la taille du vêtement, le prix et éventuellement des informations
importantes telles qu’un bouton manquant ou une matière noble. Et les
difficultés arrivent très tôt ! Une petite liste vaut mieux qu’un long
discours :
-
La
taille des vêtements
Ici, point de 36
ou de 42 : on utilise les tailles anglo-saxonnes. On a donc des vêtements
de taille 6 à 28. Après de nombreux tests empiriques, on peut en déduire
approximativement que 6 = 36 = XS et 14 = 42-44 = M/L. Au-delà, c’est
« hyper grand » et on ne prend plus vraiment la peine de faire la
différence entre un 22 ou un 24… Si seulement c’était si facile ! Eh bien
non, les Néozélandais sont plus corpulents que nous. Si un vêtement indique
« S », soyez assurés qu’il est trop grand pour moi alors qu’en
Belgique, je porte du S ou M. Voilà, vous connaitrez tous ma taille. Et je n’ai
pas parlé des gens qui ont coupé les étiquettes, rendant le devinage quasi
aléatoire.
-
Les
prix et les marques
Les pantalons et
jupes sont à $6.50, facile. Les tops, par contre, ça devient foireux. De base,
ils sont à $4.50 ou $6.50 en fonction du type – que j’ai déjà du mal à
déterminer – et ceux de la seconde catégorie peuvent aller jusqu’à $20 en
fonction de la marque, de la matière et de l’originalité. Et c’est là que le bas
blesse*. Pas de Pimkie, de Jennyfer, de Mango ou de Armand Thiery (ces marques
ne m’ont pas payée pour les citer… je devrais le leur demander, tiens). Les
marques sont ici chinoises ou australiennes, je n’en connais quasi aucune. Me
voilà donc à brandir régulièrement un vêtement devant la gérante et demander si
c’est une bonne marque ou pas. Ce à quoi elle répond souvent « Ah mais
celui-là, il est joli ! On peut le mettre à $7… Oh, non, il est vraiment
beau, $8. » De quoi m’aider à être capable de déterminer les prix toute
seule comme une grande…
-
Les
chiffres
Les premiers
jours, il a fallu m’appliquer à écrire les chiffres. Pour mieux vous expliquer,
vous trouverez ci-contre un comparatif de la façon d’écrire anglo-saxonne et la nôtre.
Ensuite, on m’a
montré comment tenir la caisse, accepter les dons et ranger le magasin, chacune
de ces activités ayant son lot de petits détails auxquels il faut faire
attention :
-
La
caisse
Finalement, ce
n’est pas compliqué lorsqu’on suit les différentes étapes notées sur une fiche.
Le souci, ce sont parfois les clients. « Oh, finalement, je ne prends pas
ça. » et on essaie de se rappeler comment on retire un article.
« Attendez, je vais chercher encore un truc. » Et on bloque la caisse
pour le client suivant. « Vous pouvez me montrer ce bracelet ? Mmmh…
et celui-là ? » Et on sort un à un tout le contenu de la vitrine. « Vous
savez, j’ai étudié à Paris à la Sorbonne, je suis fascinée par Stendhal. »
Et on écoute la vie de Stendhal en français pendant un quart d’heure. Oui, oui,
c’est arrivé ! Bon, d’accord, ce n’était pas totalement inintéressant.
-
Le
rangement
Vêtements triés par taille, par couleur et du plus clair au plus foncé. |
-
Les
dons
Il faut toujours
interrompre son activité pour accepter un don, prendre les sachets et les
mettre dans l’arrière-boutique tout en remerciant le donateur avec le sourire.
Pas trop difficile… sauf qu’on n’accepte pas tout non plus ! La vaisselle,
les télévisions, les matelas et autres encombritudes sont plutôt pour le
magasin central. Il faut alors rediriger la personne vers le bon magasin,
sachant qu’elle n’aura peut-être pas la patience de s’y rendre. Certaines
personnes prennent la peine de laver leurs vêtements et les repasser avant de
les offrir au magasin. Dieu les bénisse car, trop souvent, on reçoit des vêtements
sales, parfois abîmés et pas triés pour un sou. D’accord, c’est notre boulot,
mais quand même…
Dernier
défi : surveiller les clients atteints de barakisme aigu qui viennent en
famille semer la pagaille dans le magasin. Le gamin sort les jouets du bac et
les sème partout. Les grandes regardent trois cents vêtements et les remettent
n’importe comment dans le rayon. La mère marchande. Ils parlent fort, font
plein de bruit, touchent à tout. Parfois, ils arrivent pieds nus et repartent
avec des chaussures aux pieds. Un quart d’heure à garder un œil sur eux et
faire semblant de ranger les rayons pour les dissuader de subtiliser quoi que
ce soit, c’est aussi épuisant que trois heures normales.
On fait aussi dans les accessoires et le linge de maison. |
* Je n’ai pas
commis une erreur orthographique mais réalisé un jeu de mots tout à fait prémédité,
puisque l’on parle de vêtements.
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