vendredi 16 mai 2014

Nouvelle-Zélande, un pays écolo ?

La Nouvelle-Zélande, ce beau pays aux paysages à vous couper le souffle, tantôt désertique, tantôt montagneux, tantôt vallonné, tantôt forestier, tantôt côtier, aux climats tout aussi variés du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. La Nouvelle-Zélande, c’est la nature et les longues marches difficiles à travers elle pour être finalement récompensé par une vue sans pareille. Ça, c’est l’image qu’on en a habituellement. En une couleur : vert.
Prédateurs déjà introduits.

Effectivement, les kiwis semblent faire beaucoup d’efforts pour conserver et protéger les habitats naturels, faune et flore qu’il leur a été donné de pouvoir garder jalousement sur leur petite île perdue au bout du monde. Bien sûr, pour attirer le touriste écolo, ils ne manquent pas de le promouvoir à l’étranger.
Comme nous avons pu le remarquer au moment où nous nous apprêtions à entrer sur le territoire, ils sont très méticuleux sur les composants organiques qui passent la frontière : fruits entiers ou partiels, nourriture issue d’animaux, terre accrochée aux chaussures… la nourriture industrielle semble cependant pouvoir se frayer un passage assez facilement. Et si vous voulez emmener votre animal de compagnie lors de votre séjour en Aotearoa, il faudra satisfaire à un certain nombre de conditions plutôt restrictivesSi votre chien peut avoir la chance de voyager avec vous à condition que vous ne teniez pas trop à votre porte-monnaie, votre oiseau ou votre furet seront gentiment et radicalement éconduits.
Et ils ont bien raison : l’humain a déjà fait assez de dégâts comme ça en important des animaux qui ont détruit les écosystèmes et mis en dangerles espèces locales.

La Nouvelle-Zélande peut se vanter de ne pas dépendre de l’énergie nucléaire et de produire plus de 70% d’électricité verte. Et tant mieux parce qu’avec les tremblements de terre, ça évitera des catastrophes comme au Japon. L’envers de la médaille, c’est que l’électricité est horriblement chère. D’accord, on a un frigo plus gros, un séchoir à linge qui fonctionne parfois et une citerne d’eau chaude à l’électricité, mais notre facture est quand même passée de 25 € par mois en Belgique à 85 $ en été (environ 55 €, sans chauffage donc). Et pourtant, jamais, jamais, never, nooit, nunca, nous n’avons vu de panneaux solaires sur le toit d’une maison. Pas un !

Parlons maintenant du tri des déchets. Il y a trois poubelles : la verte pour tout ce qui est organique, la jaune pour tout ce qui est recyclable et la rouge pour le reste. On ne sépare pas les cartons, les plastiques et le verre ? Eh bien non, car ils ont un système ingénieux qui trie tout par la suite. On peut remarquer au passage qu’ils ont l’air de recycler beaucoup plus de types de plastiques que nous… mais pas les tetrapak ! Allez comprendre.
Il y a donc trois poubelles, chacune à sortir sur le trottoir le jour de la collecte et puis à récupérer le lendemain. Pas question d’avoir des gros sacs dégueus éventrés sur les trottoirs à côté des carrés d’herbe égalisés aux ciseaux ! Au passage, c’est vraiment drôle de voir le camion-poubelle passer. Il avance devant chaque poubelle, un bras mécanique sort du camion et l’attrape, la lève au-dessus de la benne et la secoue puis la repose violemment sur le sol. Nombre de personnes nécessaires pour ce boulot ? Une seule !

Un des nombreux magasins de seconde main de la ville.
Une bonne habitude écolo des néozélandais est leur attitude envers les affaires deseconde main (ou d’occasion, si certains chipotent sur les mots). Je me souviens que mes parents m’ont donné une image de l’armée du salut comme d’une honte sociale. S’habiller avec les affaires des autres, c’est mal, c’est pour les pauvres, et c’est qu’on occupe une mauvaise position sociale alors qu’il faut justement « paraître bien ». Tout ça pour dire qu’ici, c’est plutôt la culture de la « bonne affaire », pouvoir choper un pull original et quasi neuf à un dixième de son prix et parfois même moins, c’est une bargain ! Et c’est autant de matière qui ne disparaît pas du stock d’un magasin et qu’il ne faut donc pas re-produire. Et c’est autant de matière qui ne finit pas brulée dans un centre de gestion des déchets. Tout bénef ! On peut dès lors remarquer que les « op’ shops » ne désemplissent pas et que leur stock se renouvelle très vite. Les ventes de particulier à particulier sont aussi très populaires via les garage sales, le site Trademe.co.nz ou encore par un groupe Facebook.

Deux étoiles, qui dit mieux ?
Comment, ça, personne ?
C’est bien beau tout ça, mais finalement, l’orientation écolo du pays a quelques graves manquements. Le premier, dont on vous a déjà parlé, est le manque d’isolation des maisons. On chauffe, on chauffe, parfois même en transformant du bois en fumée bien polluante ; mais de toute façon, la chaleur se barre par le sol, les murs, le plafond et les fenêtres simplement vitrées. Autant d’énergie et d’argent gaspillés. Mais rassurez-vous, ceci n’est que l’apanage des locataires. Les propriétaires, eux, peuvent se payer des maisons aux normes actuelles – toujours moins efficaces que chez nous, cela dit.

Quand on emménage, on a besoin d’électroménager. Machine à laver, frigo... et lors des recherches, on peut remarquer qu’il est extrêmement rare de trouver une machine avec une efficacité énergétique élevée. Qu’il s’agisse d’occasion ou de neuf. Encore des billets jetés par la fenêtre…

Passons maintenant aux moyens de transport, et ça, c’est la catastrophe nationale ! Les lignes de bus sont inefficaces, surtout pour ceux qui habitent dans les quartiers éloignés du centre ville et le ticket est relativement cher (3,50 $ soit plus de 2 €). La plupart des lignes s’arrêtent vers 20 heures et aucun service de nuit n’est assuré. Il doit exister environ trois lignes ferroviaires et, à vrai dire, ils considèrent plutôt le train comme un moyen de profiter des beaux paysages que comme un moyen de déplacement normal.
Pour aller de ville en ville, il est possible de réserver un bus qui ne roule pas tous les jours et aura au moins une demi-heure de retard, de prendre sa voiture ou… l’avion. Ici, on prend l’avion comme on prendrait le train chez nous, certaines lignes partent même toutes les heures. C’est tellement normal de se déplacer ainsi à l’intérieur du pays. Les billets ne sont pas donnés non plus et sincèrement, pour l’écologie, c’est le pire moyen de transport.

Parlons donc des voitures : en conséquence de tout ce qui a été développé dans ce paragraphe, il est presque impossible de vivre ici sans voiture. D’ailleurs, le permis de conduire est accessible dès 16 ans (et même 15, il y a quelques années), c’est dire ! Les néozélandais utilisent donc à tout va et sans scrupule aucun leur véhicule motorisé à quatre roues. Une faible minorité préfère toutefois se déplacer à vélo, Dieu les bénisse (pour employer une expression souvent entendue ici).

Allez, un dernier point noir pour bien ternir l’image verte et écologique de la Nouvelle-Zélande, j’ai nommé : les sachets plastique. Vous ne pouvez pas aller faire vos courses sans vous retrouver avec des sachets en plus. Vous avez beau dire à la caissière que vous n’en avez pas besoin, que vous avez votre sac réutilisable, le geste est automatique : on met les courses dans un sachet plastique et on vous les donne. Seul le supermarché le moins cher propose des sachets payants, et à mon avis c’est surtout pour une raison économique. Et la plupart des gens ne sont tellement pas habitués à prévoir eux-mêmes de quoi transporter leurs courses qu’on les voit s’en aller avec quatre ou cinq sachets dans le caddie. Et dire que c'était comme ça chez nous il y a quelques années...

Comme quoi, chaque pays fait des efforts là où il veut bien, mais la population NZ, elle, n’a pas l’air de vouloir se bouger les fesses pour diminuer son empreinte énergétique par des gestes simples du quotidien (voiture, sachets, isolation, toussa…).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire