lundi 19 mai 2014

Expatriation et démocratie

Chers concitoyens belges,

Si je dis : « 25 mai 2014 », qu’est-ce que cela vous évoque ?
-          La fête de toutes les Sophie ?
Ah oui, j’en connais quelques-unes d’ailleurs… mais encore ?
-          Le 91e anniversaire de la première course automobile des 24h du Mans ?
Qu’est-ce qu’on s’en fiche…
-          On fait une big fiesta avec plein de jeux pour l’annif de Vianney Carvalho ?
On n’est pas les mieux placés pour ça… Bande de bêtas, on vote, ON VOTE !

Enfin, vous votez. Pour nous, il y a les joies de l’expatriation. Attendez que je vous explique l’efficacité de l’administration belge… Oui, je sais, vous avez au moins une dizaine d’autres histoires aberrantes de la sorte à raconter, mais ici, c’est notre blog, c’est nous qu’on parle, na !

Remontons à quelques semaines après notre arrivée. Comme tout bon expatrié, nous nous sommes inscrits au consulat le plus proche. Evidemment, ça aurait été facile si les informations concernant ce relais belge étaient accessibles sur le site de notre gouvernement. Que nenni : la page est bien prévue, mais elle est blanche. Un énorme contraste avec les sites gouvernementaux néozélandais hyper efficaces. Bref, je m’égare. Il faut évidemment que ce service soit complètement décentré et se situe à 18 km de chez nous. Le tout se fait cependant par courrier postal et électronique. Nous avons dû dire adieu à nos bien-aimées cartes d’identité électroniques chèrement payées il y a deux ans.

Au moins de novembre, alors que nous étions occupés à nettoyer notre maison fraîchement louée et à la meubler, nous avons également reçu un des seuls courriers postaux intéressants : un document officiel nous rappelant que même en tant qu’expat, il est obligatoire de voter, et le comment que ça se fait. Nos votes seront comptabilisés dans la dernière commune de résidence, c’est-à-dire Namur.

Après avoir laissé le document trainer un peu sur l’un ou l’autre meuble parce que d’autres priorités étaient plus importantes dans l’immédiat, et c’est d’ailleurs là la puissance du concept de priorité, nous avons lu attentivement le papier et l’avons renvoyé au consulat alors que la date limite n’avait pas encore été dépassée (exploit !). Nous avions donc principalement trois moyens de parvenir à nos fins.

Première option : nous rendre physiquement à l’Ambassade de Belgique où nous sommes enregistrés, c’est-à-dire à Canberra, Australie, la seule d’Océanie. Ça aurait pu être une occasion de justifier des vacances, mais il aurait été impossible, en quelques mois, d’épargner suffisamment pour se payer non seulement les billets d’avion (±1200 $) pour un vol avec quand même deux escales et en plus de faire une demande de visa et payer ce visa. Parce que même un simple passage en Australie nécessite un visa.

Deuxième option : voter par procuration, en confiant notre voix à une personne de confiance. Nos familles sont donc exclues des candidats potentiels, car ces gens habitent globalement du côté de Liège ou d’Arlon. Il nous faudrait donc trouver un(e) ami(e) de confiance domicilié(e) à Namur et qui accepterait de transmettre nos opinions politiques à la collectivité. Sincèrement, on ne voulait pas s’amuser à passer au crible nos contacts namurois pour déterminer un élu.

Combinez les deux options précédentes pour avoir une solution hybride inconsidérable, le top du top : le vote par procuration à l’Ambassade de Belgique (de Canberra, donc).

Et enfin, option que nous avons cochée, le vote par correspondance. Ils disent bien qu’en fonction de la zone géographique, c’est à nous de nous assurer que nos votes pourront arriver dans les délais, en plus de devoir payer l’enveloppe et le timbre (+ ceux pour nous inscrire au vote). Mais vraiment, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Ce n’est par contre pas le cas d’autres acteurs impliqués : les services postaux et l’administration belge.

Ta destinée était grande, petit timbre,
Ta mission était grande, petit timbre,
Mais l'incompétence de l'administration l'est encore plus.
Nous sommes lundi, à six jours des élections, dont quatre ouvrables. Nous n’avons toujours pas nos bulletins de vote. Avons-nous réellement une chance de nous faire entendre en les renvoyant à temps ? Ne soyons pas naïfs, la réponse est non.
Oh, et puis, j’allais oublier : nous ne sommes pas sur le territoire européen, nous n’avons donc pas le droit de participer aux élections européennes. C’est pourtant bien là que nous comptons habiter une fois que notre séjour exotique touchera à sa fin.

Autre anecdote du type tâche obligatoire : les déclarations d’impôt. Nous avons eu la présence d’esprit d’emporter nos tokens, petite carte à codes qui nous permet de signer notre déclaration pré-remplie sur le site TaxOnWeb. Bien pratique, on l’utilise chaque année ! Mais voilà, cette fois, ça ne marche pas, l’accès à notre déclaration nous est refusé.
On contacte les services fiscaux pour comprendre ce qui se passe, après avoir jeté un coup d’œil sur le site du gouvernement et constaté que nous n’étions dans aucun des cas d’exclusion détaillés. Ah, mais il semblerait que nous soyons quand même dans un cas d’exclusion, qui ne figure donc pas sur le site de référence ! Ils vont donc nous envoyer une déclaration papier à renvoyer (donc encore un timbre à payer). C’est bien gentil, les gars, mais sans tous nos papiers importants concernant les paies, on fait comment pour remplir cette fichue déclaration qui nous parviendra probablement vierge ?

Conclusion : nous sommes très inquiets et stressés. Pour notre droit de vote, déjà, parce qu’on a réellement un avis à transmettre, même noyé dans des millions d’autres. Mais surtout pour cette déclaration fiscale qui nous permettrait de récupérer probablement quelques centaines d’euros, vu que Thomas était le seul à travailler pendant seulement la moitié de l’année.

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