Chers concitoyens
belges,
Si je dis :
« 25 mai 2014 », qu’est-ce que cela vous évoque ?
-
La fête
de toutes les Sophie ?
Ah oui, j’en
connais quelques-unes d’ailleurs… mais encore ?
-
Le 91e
anniversaire de la première course automobile des 24h du Mans ?
Qu’est-ce qu’on
s’en fiche…
-
On
fait une big fiesta avec plein de jeux pour l’annif de Vianney Carvalho ?
On n’est pas les
mieux placés pour ça… Bande de bêtas, on vote, ON VOTE !
Enfin, vous
votez. Pour nous, il y a les joies de l’expatriation. Attendez que je vous
explique l’efficacité de l’administration belge… Oui, je sais, vous avez au
moins une dizaine d’autres histoires aberrantes de la sorte à raconter, mais
ici, c’est notre blog, c’est nous qu’on parle, na !
Remontons à quelques
semaines après notre arrivée. Comme tout bon expatrié, nous nous sommes inscrits
au consulat le plus proche. Evidemment, ça aurait été facile si les
informations concernant ce relais belge étaient accessibles sur le site de
notre gouvernement. Que nenni : la page est bien prévue, mais elle est
blanche. Un énorme contraste avec les sites gouvernementaux néozélandais hyper
efficaces. Bref, je m’égare. Il faut évidemment que ce service soit
complètement décentré et se situe à 18 km de chez nous. Le tout se fait cependant
par courrier postal et électronique. Nous avons dû dire adieu à nos bien-aimées cartes d’identité électroniques chèrement payées il y a deux ans.
Au moins de
novembre, alors que nous étions occupés à nettoyer notre maison fraîchement
louée et à la meubler, nous avons également reçu un des seuls courriers postaux
intéressants : un document officiel nous rappelant que même en tant
qu’expat, il est obligatoire de voter, et le comment que ça se fait. Nos votes
seront comptabilisés dans la dernière commune de résidence, c’est-à-dire Namur.
Après avoir
laissé le document trainer un peu sur l’un ou l’autre meuble parce que d’autres
priorités étaient plus importantes dans l’immédiat, et c’est d’ailleurs là la
puissance du concept de priorité, nous avons lu attentivement le papier et
l’avons renvoyé au consulat alors que la date limite n’avait pas encore été
dépassée (exploit !). Nous avions donc principalement trois moyens de
parvenir à nos fins.
Première
option : nous rendre physiquement à l’Ambassade de Belgique où nous sommes
enregistrés, c’est-à-dire à Canberra, Australie, la seule d’Océanie. Ça aurait
pu être une occasion de justifier des vacances, mais il aurait été impossible,
en quelques mois, d’épargner suffisamment pour se payer non seulement les
billets d’avion (±1200 $) pour un vol avec quand même deux escales et en plus
de faire une demande de visa et payer ce visa. Parce que même un simple passage
en Australie nécessite un visa.
Deuxième
option : voter par procuration, en confiant notre voix à une personne de
confiance. Nos familles sont donc exclues des candidats potentiels, car ces
gens habitent globalement du côté de Liège ou d’Arlon. Il nous faudrait donc
trouver un(e) ami(e) de confiance domicilié(e) à Namur et qui accepterait de transmettre
nos opinions politiques à la collectivité. Sincèrement, on ne voulait pas
s’amuser à passer au crible nos contacts namurois pour déterminer un élu.
Combinez les deux
options précédentes pour avoir une solution hybride inconsidérable, le top du top :
le vote par procuration à l’Ambassade de Belgique (de Canberra, donc).
Et enfin, option
que nous avons cochée, le vote par correspondance. Ils disent bien qu’en
fonction de la zone géographique, c’est à nous de nous assurer que nos votes
pourront arriver dans les délais, en plus de devoir payer l’enveloppe et le
timbre (+ ceux pour nous inscrire au vote). Mais vraiment, on n’est jamais
mieux servi que par soi-même. Ce n’est par contre pas le cas d’autres acteurs
impliqués : les services postaux et l’administration belge.
Ta destinée était grande, petit timbre, Ta mission était grande, petit timbre, Mais l'incompétence de l'administration l'est encore plus. |
Nous sommes
lundi, à six jours des élections, dont quatre ouvrables. Nous n’avons toujours
pas nos bulletins de vote. Avons-nous réellement une chance de nous faire
entendre en les renvoyant à temps ? Ne soyons pas naïfs, la réponse est
non.
Oh, et puis,
j’allais oublier : nous ne sommes pas sur le territoire européen, nous
n’avons donc pas le droit de participer aux élections européennes. C’est
pourtant bien là que nous comptons habiter une fois que notre séjour exotique
touchera à sa fin.
Autre anecdote du
type tâche obligatoire : les déclarations d’impôt. Nous avons eu la
présence d’esprit d’emporter nos tokens, petite carte à codes qui nous permet
de signer notre déclaration pré-remplie sur le site TaxOnWeb. Bien pratique, on
l’utilise chaque année ! Mais voilà, cette fois, ça ne marche pas, l’accès
à notre déclaration nous est refusé.
On contacte les
services fiscaux pour comprendre ce qui se passe, après avoir jeté un coup
d’œil sur le site du gouvernement et constaté que nous n’étions dans aucun des
cas d’exclusion détaillés. Ah, mais il semblerait que nous soyons quand même
dans un cas d’exclusion, qui ne figure donc pas sur le site de référence !
Ils vont donc nous envoyer une déclaration papier à renvoyer (donc encore un
timbre à payer). C’est bien gentil, les gars, mais sans tous nos papiers
importants concernant les paies, on fait comment pour remplir cette fichue
déclaration qui nous parviendra probablement vierge ?
Conclusion : nous sommes très inquiets et stressés. Pour notre
droit de vote, déjà, parce qu’on a réellement un avis à transmettre, même noyé
dans des millions d’autres. Mais surtout pour cette déclaration fiscale qui
nous permettrait de récupérer probablement quelques centaines d’euros, vu que
Thomas était le seul à travailler pendant seulement la moitié de l’année.
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