lundi 27 janvier 2014

Le World Buskers Festival

Une fresque en papier collant.
Le festival Namur en Mai n’est certainement pas inconnu de la majorité d’entre vous. Pour ceux qui n’habitent pas la région et qui n’ont jamais fait le déplacement, il s’agit d’une ambiance foraine et festive qui accapare la ville entière pendant un long weekend (qui s’est paradoxalement souvent tenu en juin ces dernières années), le temps pour les artistes de rue d’attirer, emporter, amuser, émerveiller, divertir le public. Les rues piétonnes sont envahies de diseurs de bonne aventure, de prestidigitateurs, d’acrobates, de marionnettistes et d’artistes en tous genres – et aussi de stands de vente divers et d’un monde de fou. Le souci ? Quand, au détour d’une rue, on trouve un attroupement autour d’un fournisseur de divertissement, le plus souvent, on ne voit justement que la foule. Entre les gens qui restent debout, le plus près possible, les enfants portés sur les épaules et le manque de système sonore correct, impossible de capter la moindre once de spectacle. Alors on passe son chemin, espérant en vain tomber sur une autre occasion. Oui, mais il faut regarder l’horaire. Oui, mais il faut arriver à l’avance. Bah, je trouve que le plaisir de Namur en Mai est justement de se promener dans une ville spécialement décorée pour l’occasion et de se laisser surprendre.

Mais quel rapport avec la Nouvelle Zélande ??

J’y viens, j’y viens. *Voix grave, mystérieuse et énigmatique*

Chaque année, ils sont de retour. Chaque année, ils vous mettront la poudre aux yeux, les larmes au rire et le « Oh » à la bouche. Ils vous feront retenir votre souffle devant leurs périlleux exploits ou délier votre diaphragme sous leurs hilarantes blagues. Aujourd’hui encore, ils sont là. Au World Buskers Festival.

Elle est cool, hein, ma bande annonce ??

Bon, voilà, le mot est dit : World Buskers Festival. Kézako ? Zako qu’à Christchurch, à la mi-janvier et pendant dix jours, le parc et quelques autres endroits de la ville sont, à l’instar de Namur en Mai, le théâtre d’un rassemblement fantastique d’artistes de rue venus des quatre coins de la planète. Mais ici, c’est mieux ! Pourquoi ?

Vous n'avez pas pitié du bateau
du Capitaine Cook ?
Primo, ça a lieu principalement dans l’immense espace offert par le Hagley Park. Ça veut dire que même s’il y a énormément de monde, y’a encore plus de place que de gens. Pas besoin de se faufiler dans une foule dense en poussant n’importe qui pour parvenir à atteindre un lieu un quart d’heure trop tard.
Secondo, c’est bien organisé et prévu pour que ça reste agréable pour tout le monde : les spectacles on lieu sur des scènes un peu surélevées et la plupart des visiteurs amènent leur couverture, leurs mini chaises de camping, leurs énormes coussins ou autre et ils s’installent. La plupart des artistes incitent même les réfractaires du fond, ceux qui restent debout en se disant « je vais pas rester longtemps », à se rapprocher et s’installer eux aussi pour ne pas gêner la vue. Bon, il reste toujours les irréductibles énormes poussettes au milieu du bazar.
Tertio, les artistes se produisent chaque jour à des heures différentes, sur des scènes différentes. A l’aide d’un programme bien composé, il est possible de sélectionner ses favoris sur base d’une courte description et d’établir un horaire de manière à les voir tous ou presque – même ceux qui ne sont pas favoris.
Quarto, l’entrée est gratuite. La sortie, par contre, l’est moins. Chaque artiste a sa manière de présenter son speech, souvent avec humour et vers la fin du spectacle, expliquant qu’il vit de cette activité et qu’il a besoin de l’aide du public pour continuer à divertir celui-ci. C’est donc à chacun d’estimer la valeur de ce qu’il a vu, entendu, ressenti, et de faire un don « juste », ou bien de partir s’il pas aimé. Certains ajoutent même que si on n’a pas les moyens, un petit mot ou un « High 5 » à la fin du spectacle fait aussi plaisir en valorisant ce qu’ils font.

Et nous, là dedans ? Eh bien, nous en avons profité deux weekends de suite. La première fois, un peu au petit bonheur la chance : on arrive sur place, chope un programme et s’installe devant une scène. Puis, à la fin de la représentation, on se déplace et s’arrête ailleurs. La deuxième fois, on repère quelques artistes par le bouche-à-oreille et on se dit qu’on peut les choper là à telle heure.

La jonglerie est présente dans 90% des spectacles. La première fois, c’est chouette, fun, parfois impressionnant. Puis, après avoir vu cinq autres faire de même, avouons que ça perd un peu de son prestige à tel point qu’on se dit qu’avec un peu d’entrainement, on en serait capables aussi. Ce qui est probablement vrai, mais pas avec des couteaux enflammés.
Dans tous les spectacles, le public est invité à participer à l’aide de quelques volontaires désignés de manière plus ou moins créative et humoristique. Parfois pour faire les clampins sur scène, parfois pour assister techniquement un acrobate en servant de stabilisateur pour une structure branlante.

Des hommes à tout faire multi-fonctions.
Les Chipolatas sont les premiers à nous avoir séduits. Leur spectacle est fondé sur l’humour et la dérision, avec une bonne dose de compétences multiples qui leur permet d’utiliser de nombreux instruments de musique. Ces gars ont l’air de s’éclater sur scène et transmettent leur bonne humeur au public par quelques clowneries, certaines traditionnelles et d’autres plus originales. Ils nous viennent des UK et font pourtant peu de représentations en Europe. N’hésitez pas à les attraper si vous les voyez un jour passer par la Belgique.


L'attraction terrestre ? C'est quoi ça ?
Reuben Dotdotdot est tout aussi talentueux mais exerce dans un autre domaine. La description du fascicule nous annonce un artiste qui défie la gravité. Et on a vu un artiste qui fait carrément un doigt d’honneur à la gravité. Légèrement contorsionniste sur les bords, avec des muscles fiables malgré les apparences, cet Asiatique se tient à une barre verticale (maintenue en place par quatre inconnus venus du public) par les pieds, les mains, les bras, les jambes… mais un seul à la fois. Il semble souvent scotché à cette fine poutre… jusqu’à ce qu’il se laisse glisser et arrête sa tête à deux centimètres du sol.

Je vais encore vous parler brièvement du Circus No Problem, un couple d’Israéliens « acrobates de tradition familiale dont ils sont la première génération ». Leur finale rattrapait bien toutes les blagues pas toujours politiquement correctes qu’ils ont pu faire et, le plus impressionnant, ce sont les acrobaties en duo que le type fait avec sa fille de… trois ans ? Bon, voilà, je les trouvais bien mais pas géniaux, même si le gars qui a la même bague que moi a beaucoup aimé.

Allez, le dernier, un Kiwi de Christchurch nommé Mr Wizowski qui a mis son diplôme d’avocat de côté, bien rangé dans un tiroir, pour se consacrer au cirque. Il fait plutôt dans l’absurde, avec beaucoup d’humour, et c’était assez drôle.

Acrobatica. Je vous assure qu'au début du spectacle, ils avaient la classe.
Pour ceux que ça intéresse, nous avons aussi vu Meet Pete, Acrobatica, Zane & Degge (NZ’s Got Talent… ça dit tout), Cate Great et des quelques minutes de spectacle de quelques autres.

Donc voilà, comme on n'a pas pu se permettre de dépenser beaucoup, j’ai échangé quelques mots avec ceux que j’ai préférés pour les féliciter, les encourager et les remercier pour le divertissement. Ça fait toujours plaisir, non ? La prochaine fois, on essaiera de prévoir un budget pour ce festival.

Bon, qui vient nous rendre visite l’an prochain en janvier ?


PS : La régie me dit que je dois parler du festival de Chassepierre, qui ressemble plus au BWF et qui est beaucoup plus connu que Namur en mai. Je n'y suis jamais allée et ne le connais que de nom, mais je l'aurai au moins mentionné.


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