mercredi 10 décembre 2014

Road trip sur l’île Nord : Partie 2


Oyez, oyez, braves francophones de tous pays !

Le mois passé, je vous racontais le début d’une épopée incroyable. Nos deux premières journées de voyages nous en ont déjà mis plein les yeux, or ce n’est que le début de notre trip, il est temps maintenant de découvrir la suite. À l’aube du troisième jour, nos trois aventuriers téméraires lèvent le camp, parés à affronter tout obstacle qui oserait se dresser en travers de leur chemin...
 
Petit rappel de l'itinéraire

Jour 3 : Geysers, culture maorie et vers luisants (Rotorua - Waitomo - Tongariro) 

En parlant d’obstacle, voici justement qu’attend, inopportunément tapie sous l’herbe du chemin de terre menant hors du camping, une souche d’arbre maléfique. Elle guette sa prochaine victime, qui se trouve être notre pauvre petite voiture sans défense. Et soudain, boooink, la souche émerge de sa cachette et vient buter contre le bas du véhicule. Sous la violence du coup, un morceau de métal se détache et pendouille, désormais inutile, entre les jambes de l’auto.

Même ce kiwi
en est tout retourné.
Impossible de repartir comme ça. Nous imaginons déjà la journée perdue qui nous attend, à patienter dans un garage miteux pour nous faire dire que la réparation coûtera bonbon. Voilà une journée qui aurait pu mieux débuter. Heureusement, Saint AA veille sur nous. Acronyme d’Automobile Association plutôt que d’Alcoholic Anonymous, l’AA est l’équivalent Kiwi de Touring Secours, l’efficacité en plus. Nous leur passons donc un petit coup de fil en tentant d’expliquer le problème et, en moins de quinze minutes, une camionnette de dépannage suréquipée arrive. Le gentil monsieur, Sauveur de son état, inspecte rapidement les dégâts, déclare que ce morceau de tôle n’a d’autre fonction que de créer inutilement la panique quand il se décroche. Ni une ni deux, la protubérance superflue est enlevée par les mains expertes du dépanneur, le tout pour pas un rond puisque chaque membre AA a droit à 6 interventions de ce type par an. Quelle inspiration j’ai eue de m’inscrire ! Voilà $70 bien vite rentabilisés, puisque outre cette petite réparation, la carte AA nous avait déjà permis d’économiser $60 sur le trajet en ferry et nous donnera droit à 10% de réduction pour les 2 excursions de la journée. Béni donc soit le grand AA.

Nous retrouvons notre enthousiasme et faisons cap sur le New Zealand Māori Arts and Crafts Institute. Ce lieu est non seulement un centre dédié à la préservation et à l’éducation de la culture Maorie, mais il s’agit également d’un domaine abritant des phénomènes d’activité géothermique, dont des geysers et des mares de boues. 

"Ajouter une légende", ça tu l'as dit,
blogger.com !
Un guide maori à l’humour vivace nous accueille dès notre entrée dans le centre. Durant une bonne heure, il va nous plonger dans la culture de son peuple. Nous apprenons par exemple que les premiers maoris arrivés en Aotearoa donnèrent les noms de lieux en fonction de leurs propres expériences et perceptions. Ainsi le nom complet de Rotorua est Te Rotorua-nui-a-Kahumatamomoe, ce qui signifie « le deuxième grand lac de Kahumatamomoe », car il s'agit du second lac que ce grand chef a découvert lors de son exploration. Le guide nous explique aussi la signification des sculptures et motifs maoris: ils évoquent des légendes et donnent des enseignements pour qui sait les déchiffrer. En somme, ils servent d'aide-mémoire qui appuient les mythes transmis oralement. Comme le centre forme des étudiants maoris au travail du bois et des plantes fibreuses, nous pouvons y apprécier leur ouvrage en temps réel.

On ne dirait pas comme ça, mais derrière nous
il y a tout un centre culturel.
Après ce captivant étalage du savoir maori, place aux forces de la nature. Le guide nous laisse gambader à notre convenance d’un site géothermique à l’autre, où nous pouvons observer geysers, mares de boue et lacs alcalins. Comme vous le savez peut-être, un geyser se forme parce que de l’eau infiltrée en profondeur est réchauffée et mise sous pression par le contact de roche elle-même chauffée par le magma. Qui dit pression, dit pschiiiiit, or c’est ce que l’eau fait quand elle jaillit vers la surface à des hauteurs pouvant aller jusque trente mètres. Les mares de boue, quant à elles, sont des réservoirs d’argile chauffée à environ 150°C, d’où remontent en permanence des bulles de gaz soufrées, donnant l’impression d’une marmite bouillonnante. Une autre curiosité est le lac alcalin, d’un beau bleu profond invitant à la baignade, mais ne vous y risquez pas si vous tenez à garder tous vos morceaux.

Le résultat d'un bien long mijotage.
Ne vous y trompez pas: ce plan d'eau à l'air accueillant vous
dissoudrait en moins de 2.
Notre tour accompli, plus que satisfaits de la tournure que la journée a pris malgré des débuts peu prometteurs, nous repartons, direction sud-ouest, jusqu’à Waitomo et ses grottes à vers luisants. Réseau de cavernes de calcaire abritant des centaines de milliers de petites larves bioluminescentes, cette attraction vaut à coup sûr le détour. Malheureusement, les photos étaient interdites pour ne pas perturber les petites bête, ce qui est très compréhensible. Aussi faudra-t-il que vous veniez y faire un tour un de ces quatre.

Comme on n'a pas pu prendre de photos des grottes, en voici
une toute aussi jolie des roadtrippers de l'impossible.
Notre guide est un maori tout comme le précédent : une grande partie de la région et leurs attractions touristiques leur appartient. Celui-ci allie connaissances en géologie, histoire, zoologie et même chant. Il nous raconte notamment que durant l’ère victorienne, les aristocrates y descendaient via un système de poulies, et avaient même droit à un morceau de stalactite en souvenir. Rien de tout ça de nos jours : les grottes ont été aménagées et les lois empêchent de détruire le patrimoine naturel. Que voulez-vous, rien ne va plus à notre époque. Après nous avoir décrit le principe de formation des stalactites et des stalagmites, le guide nous emmène dans une grande salle, baptisée "cathédrale", réputée pour son acoustique exceptionnelle. Pour nous en convaincre, il se met à chanter une très jolie chanson maorie. Mais le véritable show se déroule dans la "pièce" suivante : en silence et dans une totale obscurité, nous apercevons une multitude de petites lumières brillant sur les parois, faisant ressembler la grotte à un ciel étoilé. Pour mieux profiter du spectacle, nous embarquons dans un petit bateau et nous nous laissons voguer à la seule lumière des vers luisants qui tapissent le plafond de la grotte. Féerique.


Que le temps passe vite quand on s’amuse ! Nous voilà déjà de retour sur la route, direction plein sud. L’étape de la journée, Whakapapa, ressemble plus à un refuge de randonneurs et de skieurs qu’à un véritable village. Il est situé au pied du mont Tongariro, un volcan encore bien en activité. Le Tongariro Alpine Crossing est d'ailleurs une marche assez technique d’une journée qui, d’après de nombreux guides touristiques, est censée être tout simplement la meilleure du pays. 


Jour 4 : Drache, randonnée et plage déserte (Tongariro - Whanganui - Foxton) 


Notre tente était au beau milieu de cet étang. Bon, on est ptet
pas les plus doués pour le choix de l'emplacement.
Durant la nuit, un invité surprise, qui ne s’était jusque-là pas manifesté, décide que c’est le moment de rattraper le temps perdu, et ce n’est pas peu dire : la pluie se met à tomber en torrents, provoquant un véritable déluge autour de la tente. Autant dire que ce n’était pas le meilleur moment pour constater que la tente fuyait, non de terreur mais plutôt à cause de petites déchirures que nous n’avions pas encore remarquées. Résultat : nous nous sommes réveillés au milieu de la nuit avec une piscine sous nos matelas gonflables. Essayant tant bien que mal de contenir l’inondation dans un coin de la tente, nous somnolons jusqu’au petit matin. Même si ça semble incroyable, la pluie battante gagne encore en intensité. Faire trois pas sous ce flot d’eau continu nous semble tout sauf attrayant. Nous serions restés dans notre abri, si ledit abri n’était pas devenu une mare grandissant à vue d’œil. En quatrième vitesse, nous fonçons vers la voiture  (littéralement à trois pas) et, comme prévu, nous nous faisons bien tremper.  Après nous être changés dans la voiture et avoir expédié un petit déjeuner, nous fichons le camp de ce camp maudit, déçus de ne pas pouvoir faire cette marche qui semblait si prometteuse.

Conduire sous cette tempête est loin d'être une partie de plaisir. Les essuie-glaces sont totalement inutiles,  et le risque d’aquaplanage bien réel. Ce n'est que grâce aux compétences surhumaines de votre serviteur que tout le monde sort de cette nouvelle épreuve sain et sauf. 

Oui, cette photo a bien été prise le même jour
que la précédente.
Vous ne nous croirez pas mais, une demi-heure plus tard, la pluie se calme. Et même, alors que nous atteignons la petite ville de Wanganui, le soleil est tellement chaud que nous devons sortir la crème solaire indice 50 pour ne pas brûler…. Bienvenue en Nouvelle-Zélande, où dire que la météo est capricieuse est un énorme euphémisme.

Malgré la chaleur, une furieuse envie de boisson chaude (nous commençons à sécher mais nos os ne se souviennent que trop bien de la mésaventure du matin) nous guide vers la bibliothèque municipale. Si cette phrase vous semble incongrue, c’est que vous n’avez pas encore assimilé le fait qu’en Nouvelle-Zélande, une bibliothèque n'est pas un "musée du livre", comme c'est trop souvent le cas en Europe. Au contraire, il s'agit ici d'un véritable espace communautaire où l'on peut jouer à des jeux de société, côtoyer une classe de maternelles répétant des chansons maories et boire un café. Grâce au gentil serveur-bibliothécaire, à son humour spontané et à son chocolat chaud juste comme il faut, nous sommes requinqués et prêts à arrêter de bouder afin d'apprécier ce que la région a à offrir.

Après un rapide tour de Wanganui, nous restons sur notre faim en ce qui concerne une bonne marche en pleine nature. Sur les conseils de l'office du tourisme, nous conduisons notre adventure-mobile à travers la campagne, sillonnant sur une petite routequi suit les contours d'un fleuve situé en contrebas. Dans ce très bel exemple de la Nouvelle-Zélande rurale, nous croisons quelques fermes éparses et un troupeau de vache en plein milieu de la route, avant d'atteindre notre destination : un coin paumé verdoyant et vallonné, comme il y en a tant sur cette île.
La balade en elle-même, certes loin d’arriver à la cheville du Tongariro Alpine Crossing, vaut tout de même le détour, comme c'est d'ailleurs souvent le cas, où qu'on aille dans ce pays. Arrivés au sommet, nous sommes récompensés de nos efforts par cette vue:

Vue.
Une fois la petit randonnée finie, il est temps de trouver un endroit où passer la nuit. Nous décidons spontanément de camper près d’une plage. Tiens, Foxton, là, sur la carte, a l’air pas mal. Le déluge du matin nous a définitivement fait passer le goût de dormir en tente, mais heureusement, les campings proposent également des huttes, simples cabines de bois aménagées de lits et d'un coin cuisine. Comme à la maison, en somme (surtout au vu des standards d'habitation d'ici).

Avant de prendre un repos bien mérité, nous nous dirigeons vers la plage locale, déserte et séparée du village par une barrière de jolies dunes. Un endroit idyllique pour admirer un coucher de soleil qu'on n'aurait pas espéré, vu comment cette journée a commencé...

Les seuls êtres humain à des kilomètres.


[À suivre...]

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