mardi 21 janvier 2014

Les tremblements de terre de 2010 - 2011


A Christchurch, il existe peu de conversations d’où le mot « earthquake » est absent. J’imagine que l’occurrence de celui-ci dans les discussions quotidiennes a fortement augmenté depuis ce triste jour du 22 février 2011.

Même si nous n’y étions pas, nous remarquons tous les jours que cette catastrophe a changé la vie de la ville et de ses habitants, les marquant à tout jamais. Par des bribes de souvenirs relatés avec émotion par plusieurs personnes différentes, par une marche à travers le centre-ville dévasté, cette tragédie est encore malheureusement d’actualité.

Retraçons les faits : un premier séisme de magnitude 7.1 a touché la « Garden City » en septembre 2010, occasionnant des dégâts importants à de nombreux bâtiments et ne causant aucun décès – c’est peut-être pour ça que la presse ne s’y est pas intéressée. Un second de magnitude 6.3 a suivi cinq mois plus tard, donnant le coup de grâce à la ville déjà affaiblie et prenant la 4eplace des évènements les plus meurtriers de Nouvelle Zélande. De nombreuses répliques plus ou moins fortes se sont fait ressentir entre-temps et même pendant plus d’un an. Conséquences générales : énormément d’emplois perdus et beaucoup d’habitants quittant la ville.

185 chaises pour 185 morts. Impossible de rester
stoïque face à ça.

Lors d’un séisme majeur tel que ceux-ci, un phénomène de liquéfaction du sol peut se produire : le sable contenu dans la terre remonte avec l’eau sous l’effet de l’ondulation de la croute terrestre, produisant en surface une texture similaire à des sables mouvants. Certaines personnes nous ainsi ont rapporté avoir dû conduire jusque chez eux par de multiples déviations, sans rien y voir sur une route fractionnée et submergée, se demandant dans quel état ils retrouveraient leur maison. Rapidement, tout un quartier particulièrement touché par les inondations et vieux de moins de dix ans, qui n’aurait jamais dû être construit à cause de sa proximité avec les marais, a été totalement abandonné pour devenir un village fantôme empreint de désolation.

Pendant de longs jours et de longues semaines en fonction des quartiers, l’approvisionnement d’eau et d’électricité ont été interrompus, de même que l’approvisionnement des magasins. L’achat de nourriture et de pétrole a dû être rationné, comme en temps de guerre. Le centre-ville a été fermé et appelé « Red zone » : pendant plusieurs mois, seuls les travailleurs de la démolition et le bus touristique y étaient admis. Cette aire interdite s’est progressivement réduite pour n’être aujourd’hui qu’un mauvais souvenir laissant place à la « Rebuild Zone ». Je vais arrêter ici le tableau désastreux, je ne voudrais pas miner votre journée. Juste ajouter que 60% des bâtiments ont été ou seront détruits et que le temps nécessaire à la reconstruction a été estimé de 5 à 15 ans. Les assurances ne réagissent pas toujours vite et la main-d’œuvre n’est pas illimitée. A mon avis, au vu de la situation actuelle, ce sera plutôt 15.

Le Palet Pavilion, pour vous servir.
Venons-en donc à la partie intéressante de cet article sur cette ville, qui fut autrefois très jolie selon les dires des gens qui l’ont connue ainsi. Mis à part les chantiers disséminés aux quatre coins de chaque rue, que peut-on voir aujourd’hui comme conséquences de ce triste évènement de l’histoire ?

Nous vous avons déjà montré, dans un article précédent, le Re:start mall, centre commercial coloré et plein d’espoir (et de boutiques de luxes) entièrement fait de conteneurs de bateau. Nous allons maintenant vous proposer d’autres produits de la créativité locale en réponse à cette fatalité de 2011.

Le Pallet Pavilion est un lieu communautaire peu banal qui peut tant vous approvisionner en boissons le temps de rencontrer des potes qu’accueillir divers types d’évènements. Il est en réalité fait de palettes usagées peintes en bleu sur lesquelles sont inscrits le nom des donateurs qui ont permis sa construction et son maintien. Il a été érigé fin 2012 par des professionnels et des bénévoles. Un véritable travail d’équipe à partir de dons de matériel, d’argent, de temps et de compétences.

La Cardboard Cathedral a quand
même de la gueule, hein?
A la place d’une église qui n’est plus se trouvent désormais 185 chaises vides, représentant chaque vie perdue lors du séisme. Toutes sont différentes pour marquer l’individualité de chaque personne et peintes deux fois en blanc, à la main, en mémoire des défunts. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, quiconque est explicitement invité à s’asseoir sur l’une d’elles et y passer le temps qu’il désire.
En face de cet espace se trouve la Cathédrale en carton, qui perpétue les offices de l’ancienne Eglise Baptiste d’Oxford Terrace. De l’extérieur, elle parait sobre et fragile, on se demande si elle ne cèderait pas face à une tempête. Elle est pourtant et évidemment faite de matériaux solides prévus pour résister environ cinquante ans, mais l’intérieur est décoré en utilisant principalement du carton en spirale, un peu comme des rouleaux de papier toilette mais en géant et quand même plus solide. C’est franchement joli et original. 

Une exposition temporaire intitulée « 37 secondes », durée des fatales secousses, a été présentée au Canterbury Musem. 37 personnes photographiées pendant 37 secondes ont raconté en 37 mots leurs pensées et souvenirs du moment où le tremblement de terre a frappé. On en est ressortis tout secoués.



Voici deux liens vers d’autres articles qui parlent du même sujet.






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